DÉCRYPTAGE - Un «Cahier de L'Herne» est consacré à l'auteur des Années, qui publie par ailleurs un nouveau récit, Le Jeune Homme. Exégèse d'une œuvre ...
Ma mère le dit.» «Qu’est-ce qu’elle deviendra celle-là?… Quelqu’un. Il le faut. Une scène inaugurale figure dans La Femme gelée. À la jeune Annie Duchesne qui s’apprête à dire son rêve de devenir institutrice, la maîtresse coupe la chique: «Tu seras épicière comme ta maman sûrement.» Assignation, mépris de classe, violence pernicieuse: une expérience originelle.
Si vous n'avez pas pu regarder le magazine La grande librairie du mercredi 4 mai 2022 sur France 5, pas de panique car il est possible de voir le replay !
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Née le 1er septembre 1940, elle a reçu pas moins de sept prix : le prix Renaudot en 1984, le prix Maillé-Latour-Landry la même année, le prix Marguerite-Duras en 2008, le prix François-Mauriac également, le prix de la langue française aussi, le prix Strega européen en 2016 puis le prix Marguerite Yourcenar en 2017. Pour rappel, elle a soutenu Jean-Luc Mélenchon lors des trois dernières élections présidentielles. Il convie ainsi des écrivains venus d'horizons différents qui évoquent leur dernier ouvrage.
Revoir la vidéo en replay La grande librairie Émission spéciale Annie Ernaux sur France 5, émission du 04-05-2022. L'intégrale du programme sur france.tv.
Lors de cette conversation en tête-à-tête avec François Busnel, l'auteure revient sur son parcours d'écrivain, son rapport à la littérature et aux mots. Annie Ernaux évoque également ses goûts littéraires, ses inspirations et aspirations et ses engagements pour la cause des femmes. Annie Ernaux est l'invitée exceptionnelle de ce numéro de "La Grande Librairie" à l'occasion de la parution, le 5 mai, de son livre "Le Jeune Homme", aux éditions Gallimard, ainsi que de la sortie du "Cahier de l'Herne" qui lui est consacré.
Elle se confiera à François Busnel, à l'occasion de la sortie de son 22e roman intitulé « Le jeune homme », qui paraîtra le 4 mai, aux éditions Gallimard. Dans ...
En revanche, ce numéro a performé car l’émission est en hausse de 0,5 point sur deux semaines, par rapport à l’édition du 13 avril. Elle racontera le monde à travers sa propre expérience. La grande librairie est à retrouver ce mercredi 4 mai 2022 à 21h05 sur France 5.
Et c'est tant mieux. L'autrice de "L'événement" dissèque, ici, son histoire d'amour avec un homme de trente ans de moins qu'elle pour mieux raconter son ...
La jeunesse de cet homme ne la renvoie pas à son âge. Non, il la transporte dans ses propres expériences de jeunesse, comme un miroir. Il détoure son histoire passée à elle, la sienne. Ou encore qu’avec lui, “je parcourais tous les âges de la vie, de ma vie”. Sa mémoire lui paraissait “infinie”. À travers cette histoire d’amour, c’est son propre rapport au temps qu’Annie Ernaux dissèque. “Oui, car il y a cette différence d’âge et de statut social, cette ‘pauvreté’ du jeune homme qui est attirante, explique-t-elle dans une interview à Ouest-France. Je veux être celle qui peut donner plein de choses. “Notre relation pouvait s’envisager sous l’angle du profit”, souffle Annie Ernaux dans son roman. Ce dernier est déjà apparu brièvement, là aussi anonymisé, dans Les Années, autobiographie de l’autrice parue en 2008.
Comme toujours, l'écrivaine se livre. Dans “Le Jeune Homme”, un court récit, émerge la figure d'un amour qui l'a relancée sur le chemin de l'écriture…
Plus j’avançais dans l’écriture de cet événement qui avait eu lieu avant même qu’il soit né, plus je me sentais irrésistiblement poussée à quitter A. Comme si je voulais le décrocher et l’expulser comme je l’avais fait de l’embryon plus de trente ans auparavant. » Des fenêtres du petit appartement du jeune homme, la femme de 50 ans et des poussières pouvait observer la cour carrée de l’hôpital désormais désaffecté où, alors qu’elle était elle-même étudiante, elle avait été transportée « à cause d’une hémorragie due à un avortement clandestin ». » Il avait trente ans de moins qu’elle et étudiait à Rouen. Désargenté, issu d’un milieu populaire, « il était le porteur de la mémoire de mon premier monde.
Annie Ernaux publie à 81 ans son quatorzième roman, "Le Jeune Homme", et de nombreux inédits dans les Cahiers de l'Herne, des touches de plus au tableau de ...
La romancière a confié avoir encore au moins un épisode "important" de sa vie à raconter. "Je trouve qu'elle a cette étoffe d'une rock star", affirmait sa consoeur Nina Bouraoui. À chacun de ses livres depuis "Les Années" (2008), la presse dit son admiration. "Je ne souhaite pas qu'on commence à le pister", a affirmé Annie Ernaux au mensuel Lire. Ce long métrage de 1h02 sera projeté à la Quinzaine des réalisateurs pendant le célèbre festival de cinéma. Comme l'indiquent ses dernières lignes, le récit avait été rédigé à la fin des années 1990, pour être repris en 2022.
Il y a six ans, Annie Ernaux nous avait bouleversés en publiant le récit d'une première fois qui ressemblait à une agression, dans les années 1950, avec...
Devant le tissu-éponge gris clair j’éprouvais seulement la douceur de ma propre durée et de l’identité de mon désir. » Il y a là-dedans une sorte de duplicité : A. et Annie ne vivent pas le présent avec la même profondeur de temps, et pour elle la beauté de la relation tient à ce qu’elle a peu d’avenir, et que chaque circonstance du présent semble être une victoire sur la fuite du passé, sans rien projeter en avant. Une rencontre électrique où il est aussi question de la capacité des hommes et des femmes à s’entendre. » De même que, lorsqu’on vit une guerre, on n’est pas continuellement dans l’action, qu’il y a aussi de nombreuses heures d’inactivité et d’attente, de temps suspendu, de même, quand on vit une liaison passionnelle, on ne ressent pas un enivrement ni un plaisir perpétuels, mais on est tout surpris de découvrir, au centre de l’ouragan, une zone de calme et d’introspection qui nous relie secrètement à nos désespoirs et à nos deuils les plus noirs. C’est plus subtil : Annie Ernaux dit de son amant qu’il ne l’entretient nullement dans une illusion de jeunesse, mais qu’il a cependant transformé sa vie « en un étrange et continuel palimpseste ». Chaque étreinte, chaque déclaration d’amour, chaque péripétie de leur vie de couple arrive ainsi non pas comme une nouveauté pour elle, recelant le charme de la première fois, mais en surimpression du passé. « Chez moi, il endossait le peignoir à capuche qui avait enveloppé d’autres hommes. Dans un très vieux livre – la Genèse –, il est écrit qu’« il n’est pas bon que l’homme soit seul ». Mais pourquoi, au fait ? Pas uniquement pour assurer la transmission de l’espèce : la plupart des animaux ne vivent pas en couple, sans pour autant mettre celle-ci en danger. « Un dimanche, à Fécamp, sur la jetée près de la mer, nous marchions en nous tenant par la main. Le passage du temps joue un rôle essentiel dans ce récit. Au pied de la dernière page, le texte d’Annie Ernaux est daté « 1998-2000 / 2022 ». Ce qui signifie que ce sont des fragments qui datent d’il y a vingt ans, que la romancière a relus et mis en forme afin de nous les donner à lire aujourd’hui. De plus, Le Jeune Homme commence ainsi : « Il y a cinq ans, j’ai passé une nuit malhabile avec un étudiant qui m’écrivait depuis un an et avait voulu me rencontrer. Ce qui fait que le lecteur, dès les premières pages, est invité à faire un peu de calcul mental et à comprendre qu’Annie Ernaux est en train de lui relater une histoire d’amour qui s’est déroulée au milieu des années 1990, entre elle, qui avait environ 55 ans, et un homme de 25 ans. Il y a six ans, Annie Ernaux nous avait bouleversés en publiant le récit d’une première fois qui ressemblait à une agression, dans les années 1950, avec Mémoire de fille (Gallimard, 2016). Elle revient avec un magnifique livre dont le titre semble construit en écho, Le Jeune Homme (Gallimard, 2022). Dans ce récit bref mais d’une rare justesse, Ernaux détricote les moteurs d’une passion qu’on qualifierait facilement d’interdite : sa relation avec un (jeune) homme de trente ans son cadet, au mitan des années 1990. Giacomo Joyce, c’est un cahier retrouvé où l’écrivain a relaté par fragments poétiques, comme pour lui-même semble-t-il, dans une langue sublime, une histoire d’amour avec une jeune Italienne, à Trieste. Le Jeune Homme semble avoir été écrit par Ernaux dans le même élan : non pas de manière concertée comme Les Années (Gallimard, 2008) ou Mémoire de fille, pas dans le but de romancer la vie, mais plutôt pour fixer quelques vertiges, y voir plus clair en soi-même pendant le déchaînement de la passion, puis son délitement. D’abord, il y a dans ce texte une provocation sociale et politique, très consciente d’elle-même. Sans en faire une revendication militante, Annie Ernaux nous laisse entrevoir, par petites touches, qu’elle a subverti et inversé les normes de la domination masculine traditionnelle, telle qu’elle a été décrite par Pierre Bourdieu, sociologue dont la romancière revendique l’influence. En effet, Annie Ernaux ne se contente pas d’être plus âgée que son amant, elle a aussi sur lui une totale domination économique (pendant un moment, elle l’entretient), sociale (il vient d’un milieu modeste, elle est transfuge de classe mais embourgeoisée, et elle le regarde avec apitoiement couper sa salade ou touiller le sucre dans son café), culturelle (il semble presque ignorant et sans conversation face à elle). Le résultat ? Ce couple inhabituel et scandaleux s’attire des regards réprobateurs dans les cafés, les restaurants. Et offre, dans la langue impassible mais aiguisée qui est sa marque de fabrique, où la sensibilité ne s’embarrasse pas de fioritures, une méditation sur le passage du temps.
Annie Ernaux publie à 81 ans son quatorzième roman, Le jeune homme, et de nombreux inédits dans Les Cahiers de l'Herne, des touches de plus au tableau de sa ...
La romancière a confié avoir encore au moins un épisode « important » de sa vie à raconter. « Je ne souhaite pas qu’on commence à le pister », a affirmé Annie Ernaux au mensuel Lire. « C’est à peine un secret. « Je trouve qu’elle a cette étoffe d’une rock star », affirmait sa consœur Nina Bouraoui. Ce long métrage de 1 h 02 sera projeté à la Quinzaine des réalisateurs pendant le célèbre festival de cinéma. Comme l’indiquent ses dernières lignes, le récit avait été rédigé à la fin des années 1990, pour être repris en 2022.
Il y a six ans, Annie Ernaux nous avait bouleversés en publiant le récit d'une première fois qui ressemblait à une agression, dans les années 1950, avec...
Devant le tissu-éponge gris clair j’éprouvais seulement la douceur de ma propre durée et de l’identité de mon désir. » Il y a là-dedans une sorte de duplicité : A. et Annie ne vivent pas le présent avec la même profondeur de temps, et pour elle la beauté de la relation tient à ce qu’elle a peu d’avenir, et que chaque circonstance du présent semble être une victoire sur la fuite du passé, sans rien projeter en avant. » De même que, lorsqu’on vit une guerre, on n’est pas continuellement dans l’action, qu’il y a aussi de nombreuses heures d’inactivité et d’attente, de temps suspendu, de même, quand on vit une liaison passionnelle, on ne ressent pas un enivrement ni un plaisir perpétuels, mais on est tout surpris de découvrir, au centre de l’ouragan, une zone de calme et d’introspection qui nous relie secrètement à nos désespoirs et à nos deuils les plus noirs. Dans un très vieux livre – la Genèse –, il est écrit qu’« il n’est pas bon que l’homme soit seul ». Mais pourquoi, au fait ? Pas uniquement pour assurer la transmission de l’espèce : la plupart des animaux ne vivent pas en couple, sans pour autant mettre celle-ci en danger. Et si, en lieu et place de l’égalité, la sexualité devait faire appel à d’autres valeurs ? C’est plus subtil : Annie Ernaux dit de son amant qu’il ne l’entretient nullement dans une illusion de jeunesse, mais qu’il a cependant transformé sa vie « en un étrange et continuel palimpseste ». Chaque étreinte, chaque déclaration d’amour, chaque péripétie de leur vie de couple arrive ainsi non pas comme une nouveauté pour elle, recelant le charme de la première fois, mais en surimpression du passé. « Chez moi, il endossait le peignoir à capuche qui avait enveloppé d’autres hommes. « Un dimanche, à Fécamp, sur la jetée près de la mer, nous marchions en nous tenant par la main. Le passage du temps joue un rôle essentiel dans ce récit. Au pied de la dernière page, le texte d’Annie Ernaux est daté « 1998-2000 / 2022 ». Ce qui signifie que ce sont des fragments qui datent d’il y a vingt ans, que la romancière a relus et mis en forme afin de nous les donner à lire aujourd’hui. De plus, Le Jeune Homme commence ainsi : « Il y a cinq ans, j’ai passé une nuit malhabile avec un étudiant qui m’écrivait depuis un an et avait voulu me rencontrer. Ce qui fait que le lecteur, dès les premières pages, est invité à faire un peu de calcul mental et à comprendre qu’Annie Ernaux est en train de lui relater une histoire d’amour qui s’est déroulée au milieu des années 1990, entre elle, qui avait environ 55 ans, et un homme de 25 ans. Giacomo Joyce, c’est un cahier retrouvé où l’écrivain a relaté par fragments poétiques, comme pour lui-même semble-t-il, dans une langue sublime, une histoire d’amour avec une jeune Italienne, à Trieste. Le Jeune Homme semble avoir été écrit par Ernaux dans le même élan : non pas de manière concertée comme Les Années (Gallimard, 2008) ou Mémoire de fille, pas dans le but de romancer la vie, mais plutôt pour fixer quelques vertiges, y voir plus clair en soi-même pendant le déchaînement de la passion, puis son délitement. Il y a six ans, Annie Ernaux nous avait bouleversés en publiant le récit d’une première fois qui ressemblait à une agression, dans les années 1950, avec Mémoire de fille (Gallimard, 2016). Elle revient avec un magnifique livre dont le titre semble construit en écho, Le Jeune Homme (Gallimard, 2022). Dans ce récit bref mais d’une rare justesse, Ernaux détricote les moteurs d’une passion qu’on qualifierait facilement d’interdite : sa relation avec un (jeune) homme de trente ans son cadet, au mitan des années 1990. D’abord, il y a dans ce texte une provocation sociale et politique, très consciente d’elle-même. Sans en faire une revendication militante, Annie Ernaux nous laisse entrevoir, par petites touches, qu’elle a subverti et inversé les normes de la domination masculine traditionnelle, telle qu’elle a été décrite par Pierre Bourdieu, sociologue dont la romancière revendique l’influence. En effet, Annie Ernaux ne se contente pas d’être plus âgée que son amant, elle a aussi sur lui une totale domination économique (pendant un moment, elle l’entretient), sociale (il vient d’un milieu modeste, elle est transfuge de classe mais embourgeoisée, et elle le regarde avec apitoiement couper sa salade ou touiller le sucre dans son café), culturelle (il semble presque ignorant et sans conversation face à elle). Le résultat ? Ce couple inhabituel et scandaleux s’attire des regards réprobateurs dans les cafés, les restaurants. Et offre, dans la langue impassible mais aiguisée qui est sa marque de fabrique, où la sensibilité ne s’embarrasse pas de fioritures, une méditation sur le passage du temps.
Un mélange d'autobiographie et de fiction. C'est de cette façon qu'on pourrait décrire l'œuvre d'Annie Ernaux. Cependant, l'auteure confesse, notamment dans ...
Un mélange d’autobiographie et de fiction. C’est quand même extraordinaire d’écrire. Mais écrire comme je l’entends aussi". C’est un peu normal.