Les bureaux de vote ont ouvert, dimanche 24 avril, pour le second tour du scrutin. Qui d'Emmanuel Macron ou de Marine Le Pen présidera la République ?
Mais pas aujourd’hui, jure-t-il en tapant du poing sur la table : « De toute façon elle passera pas, alors je vois pas l’intérêt de me déplacer. » Son bureau de vote est pourtant à 100 mètres du café. Si Marine Le Pen est élue, le sexagénaire parie que le maire du Rassemblement national d’Hénin-Beaumont, Steeve Briois, sera nommé premier ministre. Casquette à l’effigie de la ville de Malaga sur la tête, son mari, Richard, salarié dans l’industrie, la rejoint : « On a dû choisir entre la peste et le choléra… » « Au premier tour comme au deuxième, j’ai voté pour le changement », assume-t-elle. Devant son premier rosé de la journée, l’ancien fleuriste du cimetière lit la presse en rouspétant. « On prend les mêmes et on recommence », résume-t-il, lunettes en équilibre au bout du nez. « On a pris cinq ans depuis cinq ans hein ! », s’amuse le patron, qui a enfilé veste et cravate – « comme tous les dimanches », tient-il à préciser. Rien à voir, donc, avec l’événement du jour dans la commune du bassin minier, conquise par le Front national en 2014 : Marine Le Pen viendra y voter à 11 heures. L’abstention y a été inférieure à la moyenne nationale (25,64 % en Sarthe contre 26,31 % en France). « Le RN a toujours été présent ici, mais des scores à ce point… » Ils ont choisi Marine Le Pen « pour la retraite, pour le pouvoir d’achat, pour ses mesures pour les jeunes », notamment l’exonération d’impôt pour les moins de trente ans. Cette fois, Gaëtan Godemer, 30 ans, a décidé de voter ; c’est sa première présidentielle. Parce qu’il travaille désormais – jeune exploitant agricole dans la volaille bio, « 500 euros par mois » –, qu’il a un enfant de neuf mois, qu’il a acheté une maison et qu’il se questionne sur l’avenir. Il a choisi Marine Le Pen, comme au premier tour. A sa sortie, lors d’un court échange avec la presse, il n’a pas caché sa déception de ne pas participer au dernier duel – « J’aurais préféré faire autre chose ce matin » – mais il s’est projeté dans l’avenir, en affichant à nouveau son ambition d’être premier ministre à l’issue des législatives. « J’ai pris le problème par le bon bout. » A nouveau ce sentiment que « Macron tape toujours sur les mêmes, alors que Le Pen parle aux petits, aux oubliés ». Les scores importants du Rassemblement national dans sa commune le désespèrent : « On n’a pas d’insécurité, pas de problème d’immigration », note-t-il. Ils ont trois enfants, un pavillon de plain-pied qu’ils ont « enfin fini de payer et déjà des travaux », mais des loisirs « pas tellement » : « un MacDo ou un kebab de temps en temps, un abonnement Canal+. Mais le restaurant et le cinéma, c’est trop cher.
Dans les bureaux des quartiers populaires de la cité phocéenne, qui ont donné des scores importants à Jean-Luc Mélenchon au premier tour, la participation ...
« Et le débat n’a pas servi à convaincre, poursuit-il. Macron s’ennuyait et Le Pen n’était pas à la hauteur. Claquettes aux pieds, survêtement et bonnet élégant, Adem Gaceb, 20 ans, est venu voter « pour celui [qu’il] déteste le moins ». Etudiant en BTS, il a adhéré au programme de L’Union populaire et regrette l’absence de son candidat au second tour. Quinze jours plus tôt, 108 423 électeurs marseillais ont donné leurs voix au chef de file de La France insoumise, le plaçant largement en tête (31,12 %) dans la deuxième ville de France. Seront-ils au rendez-vous du second tour et du duel Macron-Le Pen ? A l’échelle du pays, c’est une des clés du scrutin. Mais dans les bureaux, chacun guette le taux de participation. Une moue dubitative comme seule réponse. A la question de savoir si ses électeurs du premier tour étaient mobilisés ce dimanche 24 avril, Jean-Luc Mélenchon a fait la grimace.
Les « chantiers prioritaires » d'Emmanuel Macron, s'il est réélu. S'il sort victorieux des urnes ce dimanche, le candidat de La République en marche à ...
Il l’a trouvé « impeccable » au débat : « Macron prenait encore de haut, il a tout fait pour lui couper la parole, qu’elle parle le moins possible, mais elle est restée calme, la tête sur les épaules. » Même en 2017, il n’avait pas trouvé qu’elle avait tant « raté » que ça le débat : « On a dit qu’elle avait raté pour lui mettre des bâtons dans les roues, la rabaisser, comme nous. « Je vote pour elle depuis que j’ai 18 ans », admet Enrick, au mitan de la trentaine, « mais ici c’est parfois honteux de le dire ». Pour Pierre, l’important c’est « la suite ». Tout ce qui a été oublié pendant la campagne. Jordan en veut à ceux, « en haut », qui ont « usé » son père – dans un écho involontaire à l’ouvrage de l’écrivain Edouard Louis, Qui a tué mon père – : trente ans à la chaîne chez LDC (usine de découpe de volailles), « des bras qui suivent plus, je sais plus combien d’opérations ». Alors entendre Macron proposer de pousser la retraite à 65 ans, même avec des adaptations pour les carrières longues et la pénibilité, lui est « insupportable ». Cette fois, il a espoir que sa candidate passe. » Selon Marc, la réélection d’Emmanuel Macron débouchera sur « une forme de continuité ». « Si Marine Le Pen passe, il y a aura peut-être une rébellion et de nouvelles élections. Le peuple français n’est pas si endormi que ça. » Le taux de participation à la mi-journée est en très légère baisse en Haute-Garonne pour ce second tour, avec 23,32 % contre 30,59 % en 2017. De fait, il y a peu de monde à la sortie du bureau de vote de l’école Lakanal. Marc dit venir d’une famille de « la gauche populaire », terme qu’il préfère à celui « d’extrême gauche ». Il a été déçu par la troisième place de Jean-Luc Mélenchon mais « pas surpris car c’est un candidat clivant ».« Pour ce scrutin, j’aurais préféré que Jean-Luc Mélenchon laisse la main à un plus jeune comme M. Ruffin. » Si Marc comprend bien la nécessité de « faire barrage au Rassemblement national », lui qui a voté Robert Hue en 1995 et « écolo une fois » n’entend pas glisser un bulletin pour Emmanuel Macron. En 2017 par contre, ils avaient tous choisi François Fillon – le candidat LR était arrivé en tête du premier tour avec 38,98 % –, « pour l’homme plutôt que pour le parti », précisent-ils. « Tout le monde le connaît ici, il a fait beaucoup pour le territoire », estiment les uns et les autres. Il y a quinze jours, le candidat Emmanuel Macron y était arrivé en tête dans le trio de bureaux de la résidence des îles (24,65 %, 26,78 % et 25,80 %), comme dans douze autres bureaux de l’ouest d’Ajaccio sur les 42 que compte la ville. L’autre grande explication de son vote est « l’immigration ». Plutôt que les ressortissants étrangers qui représentent une faible part de la population, Bouba vise surtout les Mahorais qui, concèdent-ils, sont « français également ». Située dans le canal du Mozambique, Mayotte est devenue le 101e département français le 31 mars 2011. Après avoir voté Marine Le Pen en 2017, cet habitant du quartier populaire des Camélias, à Saint-Denis, a choisi Jean-Luc Mélenchon au premier tour, tout en se considérant comme plus proche de la candidate du Rassemblement national. « Au premier tour, j’ai soutenu Jean-Luc Mélenchon. Impossible, aujourd’hui, de donner ma voix à Marine Le Pen et plus question de faire confiance à Emmanuel Macron. Je ne veux plus voter par dépit », s’agace la jeune femme déçue notamment par le bilan d’Emmanuel Macron en matière d’écologie. Chaudronnier en attente d’une formation de menuisier, François opine : « J’ai voté blanc.