Tout juste un an après son décès, la RTBF diffuse un superbe documentaire sur Patrick Juvet, l'homme et l'artiste.
Des USA, il revient avec dans ses cartons « I love America » et « Lady Night » en 1979. Mais sur le plan personnel, c’est la série noire avec les décès de son père, de sa mère, de son frère et de Florence Aboulker. « La perte de sa maman a été terrible, il n’a pas pu s’en relever », confie Nicoletta. L’absence de concerts en raison du confinement ravivera ses vieux démons. Le 1eravril 2021 son corps est retrouvé inerte. « Il a profité de la vie au maximum pendant 20ans avec succès », explique Pierre Palmade. « Après, l’addition est arrivée. Et elle était un peu chère à payer. Il écrit « Les lundis au soleil » pour Claude François, chante lui-même « La musica » et « Rappelle-toi minette ». Un an pile après cette disparition, la RTBF propose ce documentaire inédit composé de nombreuses images d’archives agrémentées d’interviews de ses proches : sa sœur Nancy, Pierre Palmade (un de ses meilleurs amis), la chanteuse Nicoletta, Alain Chamfort… Tous dépeignent un garçon gentil, talentueux, drôle, mais qui se brûlera les ailes en approchant de trop près les lumières de la gloire. Il faut dire qu’on apprenait le décès de Patrick Juvet à Barcelone, où il s’était exilé, loin des lumières du showbiz, dont il espérait pourtant toujours voir les projecteurs se braquer à nouveau sur lui.
En faisant le portrait de ces femmes –Isabelle, Amanda et Ana Maria– ce documentaire dessine en creux le portrait de l'artiste et éclaire sous un jour nouveau ...
Libres d’esprit et de corps, elles explorent leur genre et interrogent – déjà – l’hégémonie du patriarcat. En faisant le portrait de ces femmes –Isabelle, Amanda et Ana Maria– ce documentaire dessine en creux le portrait de l’artiste et éclaire sous un jour nouveau son parcours au cours de ce XXe siècle, en s’appuyant sur des archives, des entretiens et la visite des lieux qui ont ponctué sa vie. Salvador Dalí est indissociable de Gala, sa femme et sa muse.
Un an après sa disparition, Patrick Juvet: à cœur ouvert! montre comment un homme s'est libéré du système pour mieux y retomber.
Tout est pourtant repris à zéro dans ce long documentaire qui, guidé par le témoignage de proches (Nicoletta, Alain Chamfort, Nancy Chollet, sœur de Juvet), resitue l’artiste à sa juste place – celle d’un compositeur qui avait saisi, un peu avant tout le monde, le vent de liberté et la tonalité très sexuelle d’une époque qui ne va pas s’arrêter en si bon chemin. En 1973, il fait un Olympia mémorable où il réapparaît métamorphosé en diva kimono, le visage redessiné en œuvre d’art. Au-delà du maquillage (un quasi-scandale dans la France de Pompidou et de Philippe Bouvard), le projet Juvet fait reculer les frontières de la variété, la poussant vers un glam rock mélodique dont on trouve les traces séminales sur les albums “Love” (disque à paillettes et diamants) et “Chrysalide”, chef-d’œuvre aux accents funky dark soulignés par la voix de Daniel Balavoine. La suite, conduite à deux cents à l’heure après le succès des disques américains conçus avec Jean-Michel Jarre, on la connaît. Après un faux départ comme chanteur fleur bleue – image établie sur foi d’une poignée de tubes volatils (La musica, Sonia, Je vais me marier Marie et Le lundi au soleil, livré clé en main à Claude François), Juvet reprend ses jetons et quitte la table de ce showbiz où il a l’impression de passer pour une arnaque.