"Alerte rouge", le nouveau film du génial studio, est le premier réalisé par une femme, la talentueuse Domee Shi.
Il représente aussi la valeur des émotions et l’importance de la patience. Cohabiter et accepter ce nouveau moi est l’enjeu du film qui parle de manière burlesque mais très pertinente de l’adolescence féminine. Le panda roux géant d’Alerte rouge, le nouveau film d’animation des studios Pixar, sera à n’en pas douter un porte-bonheur pour Domee Shi, la réalisatrice.
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Pour concevoir le film, les équipes n’ont ainsi pas hésité à plonger au plus profond d’elles-mêmes et à puiser tantôt dans leurs souvenirs d’enfance, tantôt dans leur expérience de parents. Pour autant, ses prédécesseurs « Luca » et « Soul » n’ont pas manqué de créer l’événement, et il en sera forcément de même avec « Alerte rouge », qu’on présente comme le dernier petit bijou des studios Pixar. « Pour Mei, le panda roux est comme une étincelle magique qui déclenche ce conflit intérieur parce que jusqu’à cette transformation, elle pense avoir tout compris – comme nous l’avons tous pensé un jour avant de nous réveiller et de réaliser tout d’un coup que nous sommes couverts de poils, que nos émotions sont chamboulées et que nous avons faim tout le temps », explique Domee Shi, la réalisatrice du film et vice-directrice créative de Pixar. « Nous voulions utiliser le panda roux pour exprimer les changements effrayants, désagréables, maladroits et grinçants que nous traversons à cette époque. Alerte rouge est une comédie excentrique et surréaliste, mais c’est d’abord l’histoire d’une mère et sa fille qui vont devoir accepter le changement sous toutes ses formes, même si cela signifie dire au revoir à la relation qu’elles avaient autrefois.
La réalisatrice Domee Shi offre une nouvelle impulsion au studio qui a créé Toy Story et Cars.
D'ascendance chinoise, elle grandit à Toronto. Bonne élève (un peu trop), bonne fille (un peu trop aussi) qui aide sa mère à entretenir le temple familial, Mei s'amuse avec ses trois copines de lycée, toutes fans des 4Town, le boys band à la mode. Alerte rouge adoube une nouvelle génération et un nouveau bond en avant. Mei est une ado de 13 ans.
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"Le panda roux est l'image parfaite du chamboulement que j'ai vécu comme toutes les autres à cet âge. Il y a ces poils qui apparaissent partout, et puis ce rouge qui va représenter à la fois l'amour, le désir naissant, la colère et bien sûr les premières règles. Ce sont des moments difficiles mais je voulais montrer à travers ce film qu'on y survit toutes", explique la réalisatrice de 33 ans lors de la présentation d'Alerte Rouge à la presse française. Emmenée par trois chansons écrites par la nouvelle star de la pop américaine Billie Eilish avec son frère Finneas O'Connell - qui traduisent parfaitement l'effervescence qu'il y avait autour des groupes dans les années 2000 -, l'évolution perturbée de Mei-Mei permet de s'interroger pendant près d'une heure quarante sur l'acceptation de soi et la manière d'appréhender le changement. Rafraîchissant grâce à une cadence énergique et un humour décapant, Alerte Rouge se distingue des autres films Pixar par sa capacité à transgresser les codes habituels du studio. Véritable marque de fabrique du studio, Pixar livre ainsi avec son 26e long-métrage un nouveau film avec plusieurs lectures. Une déception pour l'équipe de la réalisatrice canadienne d'origine chinoise Domee Shi et pour les studios, dont les productions n'ont plus été projetées sur grand écran depuis En avant en mars 2020. Sa mère, intrusive et envahissante, va alors l'aider à suivre un rituel ancestral pour lui permettre de se libérer définitivement de sa malédiction.
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Et quand, à la fin, les larmes coulent, comme à chaque nouveau film de la maison Pixar, on se dit qu’il y a encore du Cinéma qui, année après année, ne nous déçoit pas. Eh bien, on peut d’abord considérer que Pixar, loin de se plier aux règles de sa maison-mère dont on connaît la capacité à transformer le moindre projet artistique en machine à produire des dollars, a identifié depuis Luca une nouvelle manière de faire du cinéma « auteuriste » au sein de l’économie coûteuse du cinéma d’animation : après l’Italien Enrico Casarosa qui revenait sur ses origines dans le golfe de Gênes, voici donc aux commandes d’Alerte Rouge la réalisatrice d’origine chinoise Domee Shi, qui avait déjà réalisé avec son court-métrage Bao un conte symbolique sur l’amour maternel dévorant, dans le milieu chinois de Toronto. Turning Red travaille de manière – un peu – moins conceptuelle le sujet, dont on imagine qu’il lui est très personnel, de l’indépendance vis-à-vis de ses parents, mais aussi de ses racines culturelles. Et creuse encore plus l’aspect psychanalytique de la relation de la fille à sa mère, et de manière dont le lien maternel participe à la construction de la féminité : en décrivant la répétition à travers les âges d’un rituel quasi-religieux, ou tout au moins ancestral, de soumission des filles à leur mère – se débarrassant du panda roux en elles -, et en mettant en scène la possibilité d’une rébellion – d’ailleurs largement apportée par la confrontation de la culture chinoise traditionnelle à la modernité occidentale (symbolisée de manière assez ironique par la musique d’un « Boys Band » pour le moins ridicule), Alerte Rouge nous montre que la toxicité de l’amour maternel est une malédiction qui peut être levée.
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La réaction de cette dernière après son humiliation est d'ailleurs révélatrice des non-dits dans leur relation et des sentiments qu'elles tentent toutes les deux de refouler pour faire bonne figure. En plus de dédramatiser les affres de l'âge ingrat, Alerte Rouge convoque une sorte de nostalgie réconfortante en pastichant le début des années 2000 et ses références culturelles. Le scénario met donc les pieds dans le plat pour parler de la puberté (et tous les trucs pas cools qui vont avec), un aspect généralement occulté ou déguisé. Pour la première fois chez Pixar, le film conjugue également l'amitié au féminin avec un girls band solidaire et décomplexé dont la joie de vivre est communicative. Si Pixar reste un poids lourd de l'animation, la dernière décennie a clairement écorné son image d'excellence. Le studio à la lampe dont le public louait l'aplomb et l'originalité a négligé ses ambitions créatives au profit d'une logique économique et commerciale capitalisant sur ses anciens succès, tout en recyclant une formule de plus en plus convenue et lassante. À 13 ans, Meilin est coincée entre deux âges et deux cultures.
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Enfin, avec Alerte Rouge, c'est l'occasion de retrouver avec bienveillance les affres et les difficultés de la vie d'une adolescente. Vous avez la nostalgie des années 90 ? Le nouveau Pixar est fait pour vous. Les aventures de Mei Lee se déroulent en effet à la fin des années 90.